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Le théâtre embrasé d’Antoine Roegiers, 2025. icon

 

"Mais ne vous y laissez pas prendre : Roegiers n'est pas un simple nostalgique recyclant des esthétiques passées. Ce qui rend son travail si percutant, c'est sa capacité à utiliser ces références historiques pour parler directement de notre présent."

Antoine Roegiers transforme la peinture en théâtre visuel où masques et flammes racontent notre folie collective. Ses processions de personnages grotesques traversant des paysages embrasés révèlent, avec une ironie mordante, notre incapacité à faire face aux ruines que nous avons nous-mêmes créées.

 

Écoutez-moi bien, bande de snobs, si vous n'avez pas encore plongé dans l'univers d'Antoine Roegiers, préparez-vous à une gifle visuelle qui vous réveillera de votre torpeur esthétique ! Ce Belge de naissance, Français d'adoption, n'est pas juste un peintre - il est un conteur, un metteur en scène, un pyromane visuel qui enflamme nos consciences endormies.


Diplomé de l'École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris en 2007, Roegiers s'est immédiatement distingué, non pas en cherchant à réinventer la roue, mais en excavant dans le sol fertile de l'histoire de l'art avec une audace rafraîchissante. Il a compris, contrairement à tant d'artistes contemporains obsédés par l'idée de nouveauté à tout prix, que dialoguer avec les maîtres du passé peut être la forme la plus radicale d'innovation.


Ce que je trouve particulièrement brillant chez Roegiers, c'est qu'il transforme notre nostalgie pour la peinture narrative en quelque chose de résolument actuel. Ses grandes toiles, notamment celles présentées dans son exposition "La grande parade" à la galerie Templon à Paris en 2024, ne sont pas de simples hommages aux maîtres flamands - elles sont des miroirs déformants de notre propre société en décomposition.


Regardez ses ciels embrasés, ses meutes de chiens errants, ses personnages masqués qui défilent, indifférents au monde qui s'écroule autour d'eux. N'est-ce pas la parfaite métaphore de notre époque, où nous continuons nos parades absurdes pendant que la planète brûle ? Dans son tableau "La mélancolie du déserteur"
', un autoportrait à peine voilé, Roegiers se présente comme un homme désorienté, ayant osé s'extraire du cortège collectif. Cette image résonne comme un manifeste personnel qui questionne notre propre capacité à sortir du rang.

Il y a chez Roegiers quelque chose qui me rappelle la théâtralité baroque, mais revue à travers le prisme des grandes angoisses contemporaines. Son travail s'inscrit dans une longue tradition théâtrale, celle qui remonte aux mystères médiévaux et trouve son apogée dans le théâtre baroque du XVIle siècle. Le théâtre baroque, avec son goût pour l'illusion, les métamorphoses et l'instabilité, offre un parallèle fascinant avec l'œuvre de Roegiers (1).